Une pêche de loisir en mer accessible
La pêche de loisir en mer, quelle que soit sa forme, doit être une activité accessible et partagée par tous les citoyens et de tous niveaux. Sans distinction d’âge, ni de catégorie socio professionnelle. Et ce, pour des tas de raisons qui permettraient de mieux comprendre les besoins environnementaux et écologiques qui taraudent le monde entier à tous les étages ! Pratiquée par des millions de Français, son poids économique est considérable. Tant par les emplois qu’elle crée, plus de 100 000, que l’aspect commercial généré dans la plaisance de loisir et de luxe, et le développement culturel. La pêche de loisir, pêche sélective et écoresponsable, ne menace aucune espèce en ne prélevant qu’une infime quantité de poissons à l’aide de matériels limités.
Rappelons que les associations adhérentes à la FNPP œuvrent à longueur d’année sur toutes nos côtes afin d’éduquer les pêcheurs de loisir au respect de la ressource et de l’environnement, ainsi qu’au strict respect de la règlementation et des règles de sécurité. Nos guides de bonnes pratiques, comme ceux réservés aux enfants et aux jeunes qui débutent, ainsi que nos outils de mesure et nos planches d’iden-tification des espèces, supports sans cesse renouvelés et améliorés, sont distribués à des millions d’exemplaires sur tout le littoral national. Tout cela est complété par notre revue trimestrielle Pêche Plaisance qui apporte à nos adhérents toutes les informations importantes et relatives à la règlementation et à la sécurité.
Échanges difficiles pour une écoute en sourdine
De dialogues justifiés en réunions prometteuses, la pêche de loisir souffre incontestablement d’un cruel manque d’écoute, de compré-hension, de soutien et surtout d’une reconnaissance auprès d’une administration qui est trop facilement ouverte à la pêche industrielle.
Malgré nos demandes renouvelées chaque année, la charte mer élaborée par consensus au cours des travaux du Grenelle de l’environnement, signée le 7 juillet 2010 entre les fédérations de pêcheurs de loisir, deux ministres en charge du Développement durable, de la Mer et de la Pêche et le secrétaire d’État à l’Écologie, le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins, l’Association nationale des élus, le Conservatoire national du Littoral, l’Agence des aires marines protégées et le Conseil supérieur de la navigation de plaisance, n’est toujours pas appliquée. Pire, le nouveau rapport sollicité par l’État courant 2019 auprès d’un sénateur n’y fait même pas la moindre référence. Nous demandons donc avec insistance l’application de cette dernière sans délai et en particulier des articles suivants :
« - Article 2 : Échanges entre l’administration et les pêcheurs de loisir. Les parties signataires de la présente convention s’engagent à entretenir entre elles et avec la société civile, à son rythme, un dialogue permanent avant chaque évolution règlementaire, processus enfin engagé depuis 2023 avec la mise en place du groupe de travail présidé par deux sénateurs, Alain Cadec et Pierre Médevielle, mais qui demande d’être poursuivi avec une vraie bonne volonté de tous, et en particulier des Autorités, pour ne pas être qu’un faire-valoir.
– Article 3-2 : Marquage des produits de la pêche maritime de loisir. Nous demandons que le marquage des poissons règlementés soit effectué au moment du débarquement, autorisé aujourd’hui pour le maquereau et le homard.
– Article 4 : Déclaration de l’activité de pêche maritime de loisir comme spécifié dans la Charte, chaque usager recevra une information complète sur la règlementation et les sanctions potentielles en cas d’infraction. C’est pourquoi nous demandons la mise en place d’une déclaration préalable annuelle ou biannuelle de l’activité pêche récréative pour chaque pêcheur, au travers notamment de la signature d’une charte spécifique, l’accès aux informations légales et l’accès possible à toutes informations utiles (sécurité, pédagogique, etc.). Cette déclaration devra être mise en place avant 2028. »
Pêche du thon rouge interdite dans les Îles anglo-normandes
En février 2024, le Royaume-Uni a notifié à la Commission européenne son intention d’interdire la pratique de la pêche dans 13 aires marines protégées, dont cinq en mer Celtique et sept en Manche et mer du Nord.
Cette interdiction devant s’appliquer à tous les navires de pêche (anglais et européens notamment) pratiquant les arts traînants de fond et qui est entrée en vigueur au printemps, semble porter un coup dur à une filière pêche très affaiblie et aux navires français (même détenteurs d’une licence pour pêcher dans ces zones) déjà très touchés par les crises successives liées au Brexit, à la pandémie Covid-19 et à la hausse des prix de l’énergie. Cette nouvelle mesure de restriction unilatérale des zones de pêche pour les navires français fait redouter des discussions difficiles pour la renégociation en 2026 de l’accord de coopération et de commerce entre l’Union européenne et le Royaume-Uni.
En attendant, il est à noter que la pêche pour le thon rouge, malgré la protestation des pays de l’Union européenne (l’Espagne, Malte, l’Italie) qui souhaitent une harmonisation des pratiques, est interdite au Royaume-Uni et s’applique de plein droit aux pêcheurs de loisir qui souhaiteraient s’aventurer dans les îles anglo-normandes. Donc zone à éviter.
La pêche du chinchard finalement autorisée pour la pêche de loisir
De nombreuses espèces, subissant les foudres plus ou moins justifiées par de mauvais calculs ou des décisions grotesques sont parfois frappées d’arrêtés incompréhensibles. Ce fut notamment le cas du chinchard dont la pêche a été interdite le 8 août dernier par une décision du préfet de Vendée ou l’action de certains services de contrôle dans d’autres zones sous couvert d’une extrapolation erronée du règlement délégué (Union européenne) 2023/2623 (15) Article 5 (paragraphe 3) publié le 11-01-2024 relatives à certaines restrictions ciblées pour les professionnels ou en relation avec les « prises accessoires ».
Heureusement, l’imbroglio règlementaire autour du chinchard semble enfin s’éclaircir. Si ordre et contre-ordre se sont vite enchainés au sein de l’administration, la DGAMPA (Direction générale des affaires maritimes de la pêche et de l’aquaculture) est venue apporter une réponse qui redonne le sourire aux pêcheurs vendéens ou d’ailleurs, amateurs du chinchard. Satisfaction légitime comme ont pu la ressentir les pêcheurs nordistes à une autre époque et que ressentent encore les pêcheurs basques à préparer la strouille ou le broumé pour exciter les bancs de poissons, chasse de thon ou autres poissons.
Vous retrouverez la réponse de la DGAMPA sur le site FNPP. Cette réponse de la Direction générale des affaires maritimes, confirmée par courrier le 13 août 2024 à Jean Mitisalis, président de la FNPP et co-président de la Confédération Mer & Liberté, est une excellente nouvelle qui semble faire poindre une jurisprudence qui n’interdirait plus systématiquement la pêche de loisir dès lors que la pêche professionnelle est en partie prohibée.
Le lieu jaune à 42 cm en zone VIII
Le bar et le lieu jaune, comme des tas d’autres espèces, ont déjà alimenté de nombreuses conversations. L’arrêté du 4 juillet 2024 modifiant l’arrêté du 26 octobre 2012 modifié déterminant la taille minimale ou le poids minimal de capture des poissons et autres organismes marins (pour une espèce donnée ou pour une zone géographique donnée) effectuée dans le cadre de la pêche maritime de loisir ne va pas manquer de commentaires.
En application du règlement d’exécution (Union européenne) n° 2024/257 du Parlement européen relatif à la conservation des ressources halieutiques et à la protection des écosystèmes marins du conseil du 10 janvier 2024 établissant, pour 2024, 2025 et 2026, fait l’objet d’un amendement qui prévoit notamment la hausse de la taille minimale de capture du lieu jaune en Zone VIII (façade atlantique au-dessous du 48e parallèle) à 42 centimètres pour la pêche professionnelle. Il s’applique automatiquement à la pêche de loisir.
Ainsi depuis le 1er juillet 2024, la pêche de loisir sera également soumise à une taille minimale de capture de 42 cm en zone VIII. L’arrêté du 26 octobre 2012, relatif aux tailles minimales de capture pour la pêche de loisir, devrait être mis à jour avant la fin de l’année 2024. Pour l’instant, cet arrêté prévoit un TMC (Taux minimum de capture) de 30 cm en zone 7 pour le lieu jaune. Une réflexion sera menée également au niveau national pour aligner cette mesure sur la zone 7 dont le stock est en mauvais état.
Pour rappel, la taille minimale de capture pour le lieu jaune est fixée à :
- deux spécimens par jour et par personne ;
- au nord du parallèle 48°N à 30 centimètres ;
- au sud du parallèle 48°N (zone CIEM 8) à 42 centimètres.
Denis Cottard, commission pêche (remplaçant de Jackie Plataut)