Les pêcheurs à la ligne doivent composer avec la réglementation
Tous les jours, dès le printemps, de nombreux pêcheurs à la ligne prennent d'assaut la grande jetée de la marina à Brest.
©Le Télégramme-Photo Didier Déniel
Avec les beaux jours, les pêcheurs du dimanche ont ressorti leur matériel. Reportage à la marina du Château, à Brest, où les adeptes de la pêche à la ligne du bord avouent ne pas forcément être au courant de la réglementation.

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Les pêcheurs à la ligne doivent composer avec la réglementation

En Bretagne, le concept de mer nourricière n’est pas un vain mot. De tout temps, l’accès au littoral, et à ses richesses, a été préservé, hormis pendant l’occupation et la construction du mur de l’Atlantique. Et les Bretons le savent. Pas étonnant que 27 % des pêcheurs à la ligne du bord de l’Hexagone (ils seraient 1,5 million) vivent en Bretagne. Région qui se place loin devant la Nouvelle-Aquitaine (14 %) et les Pays de la Loire (13 %).
Même dans les grandes villes, comme Brest, ce loisir attire des adeptes. Ici, nombreux sont ceux qui lancent leur ligne de la longue jetée de la marina du Château. En ce samedi matin, la mer est basse. Quand elle montera, il reste fort à parier que les centaines de mètres de béton seront prises d’assaut par les nombreux pêcheurs à la ligne, qui convergent tous les jours vers cette presqu’île artificielle.
Certains, totalement novices, ou d’autres rétifs à toute disposition visant à restreindre leurs libertés, ne connaissent que quelques rudiments de la réglementation à laquelle ils sont soumis. C’est le cas de Sébastien, pêcheur chevronné. « Moi, je ne connais que les tailles minimales du lieu jaune et du bar (42 cm). Et celle du maquereau (20 cm minimum, 20 prises par jour et par pêcheur). Je ne pêche que ça. Pour le reste, je ne suis pas le bon interlocuteur ».

« Au Portugal, une licence pour pêcher à la ligne »

Pedro attend patiemment que ça morde à l’hameçon. Lui aussi sait, dans les grandes lignes, ce qu’il peut prendre. « Je n’ai jamais été contrôlé. Peut-être que parce que je n’avais pratiquement rien dans mon sceau. » Celui qui dit venir mouiller sa ligne « surtout pour se détendre et prendre un bol d’air » estime que la législation française est très souple en matière de pêche à la côte. « Je suis originaire du Portugal. Là-bas, pour pêcher à pied, à la ligne ou au lancer à partir du bord de mer, il faut payer une licence. Comme pour la pêche en rivière en France. Le système est le même. La carte locale est la moins chère, la nationale beaucoup plus. Ici, on est beaucoup plus libres. »
Un peu plus loin, Victor, lui, a décidé de rentrer. Il a trois maquereaux dans son sceau. Ce pêcheur assidu traque pas mal d’espèces et se dit bien informé. « Je fais un effort en ce sens. Je fouille sur les sites officiels des services de l’État. Parfois, ça n’est pas évident. Certaines infos ne sont plus d’actualité. Si je le fais, c’est pour la préservation de la ressource, et aussi pour ne pas prendre de prune. Les contrôles, c’est normal. J’ai vu des types qui sortaient des quantités astronomiques de poisson. Pas pour leur consommation personnelle, je pense, mais pour alimenter le marché noir. Je trouve ça absurde. C’est couper la branche sur laquelle on est assis. »

1,5 % des captures en mer

Ce constat, la Fédération nationale de la plaisance et des pêches en mer (FNPP) le fait aussi. « Plus on avance dans le temps, plus les autorités changent ou imposent de nouveaux règlements », explique Alain Scriban, vice président costarmoricain de cette association à laquelle adhèrent 33 000 pêcheurs, des plaisanciers pour la plupart. « Nous ne sommes pas opposés à ces changements, mais il faut de la cohérence et consulter les gens sur le terrain. Comment expliquer, par exemple, que la taille minimale qui nous est appliquée pour un bar (deux prises par jour et par pêcheur) est de 42 cm, alors qu’elle est de 36 cm pour un professionnel ? »
Même constat en ce qui concerne les périodes de pêche interdite, qui restent bien plus restrictives pour les pêcheurs amateurs que pour les professionnels. « Les prélèvements effectués par la pêche récréative sont une goutte d’eau, comparés à ceux de la pêche industrielle et artisanale », précise Alain Scriban. En effet, la FNPP estime que la pêche récréative ne représenterait que 1,5 % des captures en mer. Le reste finissant dans les filets et casiers des professionnels.
Pour autant, la FNPP n’est pas hostile à une meilleure gestion des retombées de la pêche récréative. Depuis des mois, elle prône la création d’une charte de comportement du pêcheur récréatif.

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