Vers une privatisation de la ressource ?

Par Joël Arvor | Nos actions

Vers une privatisation de la ressource ?

Chasseur sous-marin avec capture

Le premier concerne le communiqué de presse du 25 juillet de l’association des ligneurs de la pointe de Bretagne faisant état de leur inquiétude sur la ressource de lieu jaune.
Cette initiative est liée au rapport délivré par le Ciem (Conseil international pour l’exploitation des mers) jugeant l’état des stocks de lieu jaune très préoccupant. Ces représentants de la pêche professionnelle proposent un plan de restauration qui s’articule autour de quatre mesures :
-* mise en place d’un plafond annuel individuel accordé en priorité aux pêcheurs les plus dépendants du lieu jaune ET pratiquant le métier de la ligne ;

  • mise en place d’un quota zéro pour la plaisance ;
  • augmentation de la taille minimale à 40 cm ;
  • mise en place d’un repos biologique entre janvier et mars.

Ces mesures concerneraient, à l’instar du bar, le nord du 48e parallèle. D’autres mesures concernant le golfe de Gascogne, secteur qui serait moins impacté par la baisse de la ressource, devront être définies.
Autant on ne peut que se féliciter de l’augmentation de la taille minimale, bien trop basse actuellement, et du repos biologique, une mesure de bon sens qui devrait s’appliquer à toutes les espèces, autant on ne peut absolument pas accepter l’interdiction de cette espèce pour le pêcheur de loisir. Pour justifier cette interdiction, il est, entre autres, mis en avant que la plaisance est gangrénée par un braconnage réalisée par une minorité de plaisanciers…

Le second fait a été relaté dans les colonnes du Télégramme du 1er août : un pêcheur artisan de Concarneau s’insurge contre le fait que les pêcheurs de loisirs puissent capturer du thon rouge… et pas lui.
De toute évidence, il semble ignorer que 99 % des quotas sont détenus par la pêche professionnelle. Dans cet article, il y est fait état de 3 329 bagues délivrées à la plaisance et donc… de 3 329 poissons autorisés. Raccourci facile, malheureusement relayé par la presse.

Chasseur sous-marin avec prise

Dans les deux cas, la pêche artisanale est à l’origine de ces charges contre la plaisance. Le fait que nous fréquentions les mêmes zones y est certainement pour quelque chose. L’impact majeur de la pêche industrielle ou semi-industrielle est quasi occulté. Un certain esprit corporatiste semble être encore de mise.

Ces démarches relèvent d’une volonté à peine dissimulée de s’approprier la ressource. Nos réserves halieutiques ne sont pas au meilleur de leur forme. Le stock de lieu jaune, ce n’est pas le seul, se dégrade depuis des années et l’avis du Ciem est un non évènement.
Mais quelles que soient les mesures qui pourraient être envisagées, celles-ci doivent faire l’objet d’une vaste concertation avec tous les acteurs concernés. Il n’appartient pas à une catégorie professionnelle, regroupant quelques dizaines de personnes, de dicter ses décisions à des milliers d’autres.

Le libre accès à la ressource doit rester notre leitmotiv, une privatisation de cette dernière est totalement inacceptable.